Parcours

J’ai toujours vécu dans les images. Je les ai longtemps collectionnées.

Enfant, les gravures de Granville, les illustrations de John Teniel, les reproductions de tableaux côtoyaient les affiches de spectacle arrachées dans la rue, les albums de Pif gadget ou de Spirou. J’adorais passer des heures à rêvasser dans les albums de cartes postales ou de photos de famille voire, tout simplement, dans les motifs de papiers peints. Les plaques de lanternes magiques ou les théâtres d’ombres ont tout autant façonné ma culture visuelle que l’image vidéo puis numérique. J’admirais la peinture de Jérôme Bosch, les surréalistes Dalí et Magritte tout autant que les collages de Prévert et de Max Ernst.

Rien d’étonnant alors que je me retrouve sur les bancs de l’École nationale supérieure des arts décoratifs tout en suivant parallèlement des études de graphisme et de gravure. Au même moment, je découvrais les peintures de Bonnard, et l’œuvre de François Rouan ; je m’intéressais aux recherches de David Hockney sur la représentation de l’espace et les conditions de sa perception. J’en ferai d’ailleurs un projet de recherche. Je graverai ensuite sur bois un livre en couleurs, En sortant de l’école, avec lequel j’obtiendrai mon diplôme.

Puis, je participai à la création d’un atelier de recherche en images numériques associant informaticiens et artistes : « L’Atelier numérique ».
Les « nouvelles images », plus que jamais la question des images… Rentrer au cœur des images.
Le passage de la gravure sur bois à l’image numérique me parut assez naturel. Je travaillais déjà avec des calques, des masques et des collages ; dès lors, le numérique m’offrit une multitude de possibilités pour « bricoler » les images, la gravure comme la palette graphique me permirent d’entrer dans leur épaisseur.

La rencontre avec Christiane Abadie Clerc, directrice de la section jeunesse de la BPI du Centre Georges Pompidou, m’amena ensuite à imaginer un projet avec une classe de CM2. De ce partenariat associé au rectorat de Paris naquit Les contes de la nef des fous, le premier livre composé d’illustrations entièrement réalisées à la palette graphique. Il fut édité chez Nathan.

Commence alors un travail intense de collaboration avec différents éditeurs : Nathan, Grasset jeunesse, Hatier, Gallimard, la Réunion des musées nationaux, le Patrimoine, Au clair de ma plume, et diverses agences de communication.
Parallèlement, j’enseignais la communication et la technique graphiques dans des classes préparatoires aux concours d’écoles d’art. Puis je montai avec Françoise Lamargot, photographe, un atelier d’arts plastiques pour enfants.

En 2007, j’ai vivement ressenti le besoin de me consacrer exclusivement à ma pratique personnelle, le dessin, mais aussi la projection et l’installation. Je l’ai abordée dans un contexte plus large dans le cadre du master en arts plastiques de Paris I Panthéon Sorbonne où je suis revenue sur un sujet qui me tenait à cœur : la notion du temps dans la perception de l’espace… J’obtins mon diplôme avec mention très bien deux ans plus tard.

J’entrepris un triptyque de dessins grands formats en noir et blanc : Escaliers. Ce travail deviendra la matrice de trois séries de dessins grands formats au fusain et encre sur papier qui évoluent progressivement vers une forme d’abstraction : Fusions, Émergences et Instants d’espace.

Je poursuivis en utilisant un mélange de fusain et d’acrylique sur toile pour passer de la représentation de l’espace vide à l’espace habité, obtenue grâce à la figure en mouvement. En découlera la série Skate Park.

Finalement, un voyage à Berlin − et la découverte du travail des peintres de l’École de Leipzig qui s’ensuivit − me donna furieusement envie de reprendre mes pinceaux, de travailler la couleur, d’explorer plus encore mon attachement à l’image et à la narration.

Mes peintures, désormais délibérément figuratives, donneront naissance à ma série Songes.